Je suis floue
Tout se mélange. J'ai mal aux pieds d'avoir marché sur cette route si longtemps et comme un pantin désarticulé et maladroit, je ne suis pas capable de me retourner pour apprécier le chemin parcouru. Il me semble que je suis encore à la tâche, ouvrier docile et servile que je me suis faite par force. Au loin une brume éparse ne laisse entrevoir que le plus évident, sans percer le mystère qui entoure les zones d'ombre. Je suis engourdie, lasse de me tenir debout avec constance, je voudrais tomber à la renverse, la tête en arrière. Je me réveillerais, les yeux au ciel rose, en y voyant clair. Je ne me regarderais plus d'un air dédaigneux, en me sous entendant que je m'oublie lâchement, je ne me tiendrais plus la main du bout des doigts, avec toujours cette envie de la lâcher, comme pour ne pas cautionner. Je n'accepterais plus d'y voire double en avançant toujours dans ce somnambulisme effréné, attirée par cette lumière dont il faut irrépressiblement s'emparer. Je me retrouverais.