Ego
Se fuir, puis courir se retrouver, juste pour être sûre que l'on n'avait pas vu double, que l'étendue des dégâts que provoquent nos yeux si parfaitement affûtés ne sont pas illusion. Mais c'est toujours la même ranguène à quelques choses prêt, on se confronte à nouveau à cette image que la transparence du miroir veut bien nous renvoyer et on taille notre corps du regard, inlassablement, impitoyablement, on le sculpte intérieurement en espérant toujours le voir apparaître en face de soi, sans effort. Incroyablement seule, munie pour seule arme, de nos yeux acérés, notre corps devient le cobaye de nos essais laboratoire intérieur. On s'imagine autrement, avec cette notion de perfection qui défie toutes lois naturelles. Jamais la raison ne l'emporte, on a beau savoir cette subjectivité extrême que nous possédons face à nous même, l'image de ce foutu miroir est plus forte.